mardi, février 27, 2007

5. Où j'habitais dans mon enfance... La rue...

Dans mon enfance j'habitais dans une petite rue d'une ville industrielle. Cette ville était un grand centre textile. On habitait dans ce qu'on appelait une "maison ouvrière", bien que par sa profession mon père faisait partie des classes moyennes. Toutes les maisons étaient alignées. Il y avait des maisons de chaque coté de la rue. D'un coté notre rue donnait dans une autre rue, qui faisait la limite entre deux villes, car il s'agissait ici d'une agglomération où une vingtaine de villes se touchent les unes les autres et touchent même d'autres villes à l'étranger. C'était assez étrange, parce qu'il y avait beaucoup de barrières de douane, et je croyais qu'il y avait une frontière entre chaque ville. De l'autre coté, notre rue aboutissait dans une cour d'usine et à cet endroit, faisait un angle droit en débouchant dans une autre rue perpendiculaire. Dans ma rue, il y avait environ 30 maisons de chaque coté qui se touchaient toutes et avaient sensiblement presque toutes la même forme. Une porte et la fenêtre du salon en bas. Une vraie fenêtre en haut, qui donnait dans la grande chambre, et à coté de cette fenêtre, une autre fenêtre qui pour presque toutes les maisons avait été murée à une époque où l'on payait des impôts au nombre de fenêtres qui donnaient sur la rue. C'est d'ailleurs pour cela, que dans la région, presque toutes les maisons ouvrières ou paysannes qui datent d'une certaine époque ont des fenêtres murées.
Derrière ma rue, parallèlement à la rue, courait la voie de chemin de fer, c'étaient des trains à vapeur qui sont passés là pendant toutes les années 50. Ils faisaient beaucoup de bruit, mais j'en reparlerai.
On pouvait sortir du quartier, en passant là où il y avait l'angle à 90°, on allait vers la rue commerçante où habitait mon grand-père maternel et ma grand-mère.
Notre rue n'était pas coupée par d'autres rues, mais si on allait dans la ville d'à coté en traversant la frontière invisible - celle-ci extraordinairement n'avait pas de barrière de douane, et la ville d'à coté était dans le même pays, mais je me demandais pourquoi certaines villes avaient des douanes et d'autres pas -, si on allait dans Ville d'à Coté en traversnant la frontière invisible, on allait à l'école et à l'une des deux églises que l'on fréquentait. Et aussi vers les magasins d'alimentation qui étaient plus proches dans la ville voisine que ceux de la rue commerçante où habitait mon grand-père maternel.
L'une des rues de la ville d'à coté longeait la voie de chemin de fer, et il y avait une passerelle pour les piétons, on passait par là pour aller voir mes grands-parents.
En allant comme si on allait à l'école, et en continuant un peu plus loin on arrivait dans les beaux quartiers de Ville d'à Coté, des grandes maisons y ressemblaient à des châteaux et étaient entourés de jardin. Il y avait des arbres le long des rues et des avenues. On enviait les gens qui habitait là, mais ma mère disait que ces maisons là qui étaient souvent habitées par des médecins ou des hommes de loi, étaient trop grandes, que ce serait trop long de les nettoyer et qu'elle ne voudrait pas qu'on habite dans une maison comme celle-là.
Plus loin, il y avait deux parcs, celui de la mairie de Ville Voisine, entre deux avenues où en automne on shootait dans les feuilles mortes, et celui de Grande Ville où j'habitais qui avait en appendice dans Ville Voisine, l'un des plus beaux parcs de la région. On allait donner à manger aux canards et aux extraordinaires cygnes blancs et on y mangeait des cacahuètes qui étaient vendues par des marchands de cacahuètes et aussi des marrons chauds en automne.
Mes parents ne voulaient pas que l'on joue dans la rue. Parce que dans la rue il y avait des garnements qui jouaient et ont aurait pu y apprendre les mauvaises manières. Donc, on jouait dans le jardin. Ce jardin devait être un mouchoir de poche, mais pour deux enfants, avec parfois les voisins ou les cousins et cousines en plus, il suffisait, ma soeur n'est née qu'à la fin de cette période là, elle ne doit pas avoir beaucoup de souvenirs de cette maison où elle n'a vécu que deux ans. Le jardin était précédé d'une cour avec un égoût, le seul robinet d'eau de la maison et les toilettes au bout de la baraque qui, formant la cuisine, était rapportée à la maison. Mais on avait de la chance, car il y avait des personnes qui plus loin habitaient dans des courées et n'avait qu'une pompe à eau pour 6 à 10 maisons. Le jardin était clos par un mur d'un coté, le long duquel grandissait des lilas et de l'autre une courte barrière de béton armé était surmontée de piquet formant un grillage qui nous séparait du jardin des voisins. Au fond du jardin était le mur de la voie ferrée, surmontée d'un talus d'herbe en haut duquel passait le train. Le train passait à la hauteur du premier étage de la maison environ.
Ma rue était pavée et il poussait de l'herbe entre les pavés que moi et mon frère nous devions desherber jusqu'à la moitié de la rue.
Voilà brossé en quelques lignes, le cadre de mon enfance, jusqu'à l'âge de 10 ans.
dominique/amalia