A cinq ans je savais lire et calculer, c’est pourquoi, je savais que mon grand-père était mort à 26 ans. Dans ma petite tête de 5 ans, j’avais déjà fait la soustraction entre 1890 et 1916. Pour faire 1900 à partir de 1890, il fallait 10, plus 16, cela faisait 26. Mon grand-père était mort à 26 ans. Je venais d’avoir eu le Premier Prix d’Excellence, et le Premier Prix d’Honneur, avec un livre de Prix qui représentait une pomme et était coupé en forme de pomme, et que je savais lire entièrement et sans aide. Je savais lire déjà à 3 ans et demi, je me souviens de ma mère qui disait qu’on me mettrait à l’école à Pâques, quand j’aurais quatre ans, parce que je savais déjà bien lire et à peu près écrire. Mais j’ai eu la coqueluche à quatre ans. Moins fort, parce que j’étais vaccinée. Moins fort que ma sœur l’a eue dans les années 60. A cause de la coqueluche, je ne suis rentrée à l’école qu’à presque quatre ans et demi, le premier octobre 1955. Je lisais, d’après les légendes, depuis l’âge de deux ans.
J’avais le premier prix d’excellence de la deuxième année de l’Ecole Maternelle (plus tard, j’ai sauté une partie du CP et une partie du CE1, et j’ai eu un an d’avance). J’avais aussi le 1er prix d’honneur ex-aequo avec mes gardes du corps et mes défenseurs, Pierre-Yves, Gilbert et Xavier, qui est devenu prof de guitare, ils me défendaient contre les filles qui étaient jalouses et qui me fourraient la tête dans le bac à sable quand ils n’étaient pas là.
A Noël j’avais joué Sambo Noir, on m’avait grimé la tête en noir, avec de la cendre ou quelque chose comme cela. Je ne sais plus l’histoire, mais j’avais du apprendre par cœur un texte que je savais lire.
Aux prix, j’avais déclamé un long poème copié par l’institutrice, Mme Madeleine, et que j’avais du aussi apprendre par cœur : C’était « le petit vieux et la petite vieille ». J’avais une mantille noire sur la tête, une jupe de ma mère qui m’allait jusqu’aux pieds, des lunettes avec des trous à la place des verres, et je devais tendre un boîte vide de prises de tabac à Pierre-Yves qui déclamait l’autre moitié du poème.
Alors j’ai su lire que mon grand-père avait le même nom de famille que moi, et j’ai su calculer que mon grand-père était mort à 26 ans. En regardant sa tombe, près de Verdun. A cinq ans.
J’avais le premier prix d’excellence de la deuxième année de l’Ecole Maternelle (plus tard, j’ai sauté une partie du CP et une partie du CE1, et j’ai eu un an d’avance). J’avais aussi le 1er prix d’honneur ex-aequo avec mes gardes du corps et mes défenseurs, Pierre-Yves, Gilbert et Xavier, qui est devenu prof de guitare, ils me défendaient contre les filles qui étaient jalouses et qui me fourraient la tête dans le bac à sable quand ils n’étaient pas là.
A Noël j’avais joué Sambo Noir, on m’avait grimé la tête en noir, avec de la cendre ou quelque chose comme cela. Je ne sais plus l’histoire, mais j’avais du apprendre par cœur un texte que je savais lire.
Aux prix, j’avais déclamé un long poème copié par l’institutrice, Mme Madeleine, et que j’avais du aussi apprendre par cœur : C’était « le petit vieux et la petite vieille ». J’avais une mantille noire sur la tête, une jupe de ma mère qui m’allait jusqu’aux pieds, des lunettes avec des trous à la place des verres, et je devais tendre un boîte vide de prises de tabac à Pierre-Yves qui déclamait l’autre moitié du poème.
Alors j’ai su lire que mon grand-père avait le même nom de famille que moi, et j’ai su calculer que mon grand-père était mort à 26 ans. En regardant sa tombe, près de Verdun. A cinq ans.
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