Bref, on a repris le chemin de l’Alsace après s’être arrêté à Verdun.
A un moment on a vu les montagnes. C’était la première fois que l’on voyait les montagnes de notre vie. Dans la voiture on criait : « Les Montagnes, les montagnes !». Notre père nous a expliqué que c’était les Vosges, la ligne bleue des Vosges, que c’était l’Alsace que les français voulaient « reprendre » quand mon grand-père paternel a été tué.
Personne ne savait alors que l’Alsace avait été autrichienne, avant que d’être française ; personne ne savait que la France avait alors acheté l’Alsace et la Lorraine germanophone lors d’un traité de je ne sais plus quel siècle. Avant l’Alsace appartenait aux Habsbourg.
Personne ne savait que le grand écrivain allemand Goethe avait fait ses études à Strasbourg, d’ailleurs dans ma famille et à l’école, on n’avait jamais parlé de Goethe, avant que je ne fasse de l’allemand en quatrième. Avec la facilité que j’ai eu à retenir les noms de lieux alsaciens, j’aurais pu faire de l’allemand beaucoup plus tôt.
Personne ne savait que les français ne reprenaient l’Alsace parce qu’un roi avait du payer cher pour l’acheter. Avec des deniers de l’époque. Sinon, ils n’auraient pas pu la reprendre. L’Alsace n’aurait pas appartenu à la France. Si un roi français n’avait pas acheté l’Alsace et qu’il n’avait pas fallu la reprendre mon grand-père paternel ne serait pas mort.
« Les montagnes, les montagnes !!! » C’était la première fois que l’on voyait des montagnes de notre vie. Mon père, lui, en avait vu pendant la guerre, quand il était prisonnier de guerre, du coté de l’Est de la Pologne, occupée par les allemands, dans l’Ukraine actuelle. Ma mère, elle, avait vu l’Alsace quand elle était jeune. Elle était allée parfois là-bas dans son enfance. Elle est restée un an là-bas entre l’âge de un an et l’âge de deux ans, avec sa grand-mère à elle. Elle commençait à parler français quand elle est partie en Alsace, quand elle est revenue un an plus tard, elle ne savait plus un mot de français, elle parlait alsacien, puis elle a oublié complètement l’alsacien, et ne l’a plus jamais parlé. Même étant petite ma mère disait que quand son oncle qui avait épousé une anglaise revenait d’Angleterre, et qu’il parlait une langue étrangère avec sa mère, elle ne comprenait rien, c’était de l’alsacien. Comme quoi les très petits enfants peuvent apprendre successivement plusieurs langues et les oublier complètement après.
Un jour, alors qu’on était à Lourdes, la ville miraculeuse, ma mère a crié au miracle, elle venait de comprendre complètement le discours d’un prêtre étranger qu’elle disait allemand. Moi, qui avait appris entre temps l’anglais et l’allemand, je m’étais rendu compte que c’était un prêtre irlandais. Alors depuis, je me suis dit, que ma mère a peut-être aussi vécu chez son oncle d’Angleterre, et qu’elle ne s’en souvient plus, et qu’elle aurait alors oublié à la fois l’alsacien et l’anglais. Il paraît que les langues apprises par les parents restent dans les gênes des enfants, même s’ils n’ont pas fait de langues tout petit. C’est pour cela que j’aurais eu des facilités pour apprendre l’allemand.
Ma mère nous a aussi raconté que quand elle était petite, elle était tombée dans le lavoir de Kaysersberg, et que sa grand-mère l’avait rattrapée par les pieds au moment où elle tombait et que l’eau était toute froide. Heureusement qu’elle l’a rattrapée, sinon, je n’existerais pas !!! Rien que pour cela, feu mon arrière-grand-mère aurait du être décorée.
Bon, bref : « Les montagnes, les montagnes !! » Elles se rapprochaient de plus en plus, on commençait à rouler dans des forêts de sapins, le moteur de la petite deux-chevaux grise rugissait. Mon père a dit : « On va monter le col du Bonhomme ! » Et c’est là qu’on s’est aperçu que ma mère qui était la seule originaire des montagnes (plus ou moins, elle y avait vécu pendant un an quand elle était petite) avait le vertige. Mon père avait choisi ce col là plutôt que celui de la Schlucht…. J’ai tout de suite su prononcer Schlucht, parce que mon père et ma grand-mère et même ma mère qui avait oublié l’alsacien le prononçaient bien, mon père avait appris l’allemand sur le tas pendant la guerre, c’était une langue utile aux prisonniers.. . Mon père avait choisi ce col là plutôt que celui de la Schlucht, parce qu’il était moins haut, et même s’il avait déjà été en montagne, il n’avait jamais conduit en montagne, mais à cette époque-là les conducteurs des montagnes savaient que les conducteurs des plaines étaient moins adroits que ceux des montagnes et ils ne les klaxonnaient pas. Mon père n’avait jamais conduit en montagne, mais à la vitesse où pouvait aller la deux-chevaux dans la montée, il conduisait très bien, et la montée fut longue.
A un moment on a vu les montagnes. C’était la première fois que l’on voyait les montagnes de notre vie. Dans la voiture on criait : « Les Montagnes, les montagnes !». Notre père nous a expliqué que c’était les Vosges, la ligne bleue des Vosges, que c’était l’Alsace que les français voulaient « reprendre » quand mon grand-père paternel a été tué.
Personne ne savait alors que l’Alsace avait été autrichienne, avant que d’être française ; personne ne savait que la France avait alors acheté l’Alsace et la Lorraine germanophone lors d’un traité de je ne sais plus quel siècle. Avant l’Alsace appartenait aux Habsbourg.
Personne ne savait que le grand écrivain allemand Goethe avait fait ses études à Strasbourg, d’ailleurs dans ma famille et à l’école, on n’avait jamais parlé de Goethe, avant que je ne fasse de l’allemand en quatrième. Avec la facilité que j’ai eu à retenir les noms de lieux alsaciens, j’aurais pu faire de l’allemand beaucoup plus tôt.
Personne ne savait que les français ne reprenaient l’Alsace parce qu’un roi avait du payer cher pour l’acheter. Avec des deniers de l’époque. Sinon, ils n’auraient pas pu la reprendre. L’Alsace n’aurait pas appartenu à la France. Si un roi français n’avait pas acheté l’Alsace et qu’il n’avait pas fallu la reprendre mon grand-père paternel ne serait pas mort.
« Les montagnes, les montagnes !!! » C’était la première fois que l’on voyait des montagnes de notre vie. Mon père, lui, en avait vu pendant la guerre, quand il était prisonnier de guerre, du coté de l’Est de la Pologne, occupée par les allemands, dans l’Ukraine actuelle. Ma mère, elle, avait vu l’Alsace quand elle était jeune. Elle était allée parfois là-bas dans son enfance. Elle est restée un an là-bas entre l’âge de un an et l’âge de deux ans, avec sa grand-mère à elle. Elle commençait à parler français quand elle est partie en Alsace, quand elle est revenue un an plus tard, elle ne savait plus un mot de français, elle parlait alsacien, puis elle a oublié complètement l’alsacien, et ne l’a plus jamais parlé. Même étant petite ma mère disait que quand son oncle qui avait épousé une anglaise revenait d’Angleterre, et qu’il parlait une langue étrangère avec sa mère, elle ne comprenait rien, c’était de l’alsacien. Comme quoi les très petits enfants peuvent apprendre successivement plusieurs langues et les oublier complètement après.
Un jour, alors qu’on était à Lourdes, la ville miraculeuse, ma mère a crié au miracle, elle venait de comprendre complètement le discours d’un prêtre étranger qu’elle disait allemand. Moi, qui avait appris entre temps l’anglais et l’allemand, je m’étais rendu compte que c’était un prêtre irlandais. Alors depuis, je me suis dit, que ma mère a peut-être aussi vécu chez son oncle d’Angleterre, et qu’elle ne s’en souvient plus, et qu’elle aurait alors oublié à la fois l’alsacien et l’anglais. Il paraît que les langues apprises par les parents restent dans les gênes des enfants, même s’ils n’ont pas fait de langues tout petit. C’est pour cela que j’aurais eu des facilités pour apprendre l’allemand.
Ma mère nous a aussi raconté que quand elle était petite, elle était tombée dans le lavoir de Kaysersberg, et que sa grand-mère l’avait rattrapée par les pieds au moment où elle tombait et que l’eau était toute froide. Heureusement qu’elle l’a rattrapée, sinon, je n’existerais pas !!! Rien que pour cela, feu mon arrière-grand-mère aurait du être décorée.
Bon, bref : « Les montagnes, les montagnes !! » Elles se rapprochaient de plus en plus, on commençait à rouler dans des forêts de sapins, le moteur de la petite deux-chevaux grise rugissait. Mon père a dit : « On va monter le col du Bonhomme ! » Et c’est là qu’on s’est aperçu que ma mère qui était la seule originaire des montagnes (plus ou moins, elle y avait vécu pendant un an quand elle était petite) avait le vertige. Mon père avait choisi ce col là plutôt que celui de la Schlucht…. J’ai tout de suite su prononcer Schlucht, parce que mon père et ma grand-mère et même ma mère qui avait oublié l’alsacien le prononçaient bien, mon père avait appris l’allemand sur le tas pendant la guerre, c’était une langue utile aux prisonniers.. . Mon père avait choisi ce col là plutôt que celui de la Schlucht, parce qu’il était moins haut, et même s’il avait déjà été en montagne, il n’avait jamais conduit en montagne, mais à cette époque-là les conducteurs des montagnes savaient que les conducteurs des plaines étaient moins adroits que ceux des montagnes et ils ne les klaxonnaient pas. Mon père n’avait jamais conduit en montagne, mais à la vitesse où pouvait aller la deux-chevaux dans la montée, il conduisait très bien, et la montée fut longue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire