mercredi, novembre 21, 2007

Chapitre 1 : la deux-chevaux, les vivants et les morts.

On est allé aussi en Alsace. J’avais cinq ans.

Et l’histoire que je raconte ici est vraie, c’est la mienne.

C’était la première fois de notre vie que nous quittions le Nord-Pas-de-Calais.

Les deux années précédentes on était allé en vacances au bord de la Manche, dans le Pas-de-Calais. Mon père n’avait pas encore de voiture, alors on était conduit par un de ses amis.

Puis, dans le courant de l’année 1956, mon père a acheté une deux-chevaux et puisque ma grand-mère maternelle était d’origine alsacienne, et qu’elle allait tous les ans passer quelque temps en Alsace, mes parents décidèrent de consacrer leurs vacances à ma grand-mère alsacienne et de partir un mois en Alsace avec la deux-chevaux. Ma grand-mère nous a rejoint quelques jours plus tard en train. Mon père alla la chercher à la gare. Et on logeait dans un village au fin fond d’une vallée, ma grand-mère dormait à la pension de famille du village tandis que moi, mon frère et mes parents - ma deuxième petite sœur était encore dans les limbes, et la première petite sœur venait d’y repartir avant même que d’être née- on logeait dans une maison que mon père avait louée.

Mais je vous raconterai cela plus loin….

Et à cause de la petite soeur qui était dans les limbes, je me posais plein de questions au sujet de l’éternité, de l’infini, de l’immortalité, de l’âme, de ceux qui n’ont pas d’âme parce qu’ils n’ont pas été baptisés, de ma première petite sœur qui n’était pas allée au Paradis parce qu’on n’avait pas eu le temps de la baptiser… Et je ne savais pas encore que j’en aurais une autre. Qu’est-ce qu’elle allait devenir ? Et il y avait au cimetière une petite croix peinte en rose qui était la tombe de ma première petite sœur dans le Carré des Anges.

Alors qu’il y ait eu beaucoup de morts à Verdun, ça ne me choquait pas plus que la mort de ma petite sœur qui n’avait pas d’âme parce qu’on n’avait pas eu le temps de la baptiser et que mon grand-père paternel était mort là-bas, c’était comme lire dans un livre d’histoire. Elle aurait du naître à Pâques de cette année-là et aurait du s’appeler Pascale puisque c’était une fille, et Pascal si elle avait été un garçon. Ma grand-mère paternelle s’était remariée, j’avais quatre grands-parents quand même, et, même si mon parrain n’était pas mon vrai grand-père, on l’aimait comme s’il était notre vrai grand-père.

Alors j’avais un troisième grand-père dans une tombe là-bas en Lorraine, une tombe que j’allais bientôt connaître. Et c’est là que j’allais connaître la vie de celui dont ma grand-mère paternelle, celle du Nord, disait qu’il chantait si bien. De mon grand-père qui était mort, on disait jeune, à 26 ans. Mais comme tout est relatif, pour moi qui avais cinq ans, c’était vieux.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà, j'ai trouvé ton blog cv, je reviendrai commenter car là je pars bientôt travailler. A bientôt...

amalia a dit…

Alors, j'attends impatiemment tes commentaires.